L’univers de l’entrepreneuriat regorge de parcours atypiques et de succès remarquables. Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’échanger avec Cyril, fondateur du cabinet Degrilart, qui a fait le choix de tracer son propre chemin dans le monde de l’expertise-comptable. Alors que beaucoup optent pour une carrière traditionnelle au sein de grands cabinets, Cyril nous dévoile les raisons qui l’ont poussé à embrasser l’entrepreneuriat et les défis auxquels il a fait face pour concrétiser son rêve.
Pourquoi as-tu choisi la voie de l’entrepreneuriat ?
– Mike “Ma première question, c’est pourquoi tu n’es pas allé sur le chemin tout tracé d’un big four comme beaucoup le font et gravissent les échelons année après année, mais tu as choisi une autre voie, celle de te lancer dans l’entrepreneuriat en ouvrant ton propre cabinet ?”
“Alors justement, avant de créer mon cabinet, j’ai travaillé dans un grand groupe d’expertise-comptable pendant près de 6 ans. Et ça a été très formateur ! Mais j’ai toujours eu cette envie d’aventure et je ne me reconnaissais pas vraiment dans le salariat. J’avais ce besoin de créer alors je me suis lancé et aujourd’hui je suis fier d’avoir ouvert le cabinet Degrilart.”
Comment as-tu géré ce changement, notamment sur l’aspect financier ?
– Mike “J’ai des amis experts-comptables qui travaillent en cabinet et qui souhaitent eux aussi ce lancer, mais il y a la dimension de la rémunération qui entre en jeu. C’est un énorme frein pour des profils qui sont manager, senior manager ou directeur et qui se retrouvent à tout recommencer de zéro. Comment as-tu su te préparer à cette baisse de salaire ?”
“Évidemment il y a eu une diminution de la rémunération par rapport à ce que je gagnais quand j’étais en grand cabinet, mais en même temps, avec toute la fougue que j’ai donné pour ce projet, j’ai vite réussi à me créer un réseau et à faire du CA. L’avantage d’entreprendre dans le domaine de la comptabilité, c’est qu’on est sur une activité où il y a de la demande, donc finalement on arrive à trouver des missions plutôt facilement. Et puis la rupture conventionnelle qui a mis fin à ma carrière de salarié m’as aussi aidé dans les débuts à atténuer cette baisse de salaire.”
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Entreprendre seul, c’est comment ?
– Mike “Est-ce que c’est pas trop difficile quand on a 28 ans de créer sa propre activité en solo, sans pouvoir se reposer sur un associé ou un co-fondateur ?”
“Tu sais, on n’est jamais vraiment seul quand on entreprend. Pour ma part, il y a eu un réel engouement quand j’ai ouvert mon cabinet à ma famille, à mes amis et à mon entourage professionnel. Ce qui fait que je n’ai pas ressenti la solitude.
Maintenant si j’ai un conseil à donner à un expert-comptable qui veut se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, c’est de semer des petites graines un peu partout. Il y a toujours quelqu’un qui a besoin d’un expert-comptable. Et donc savoir en parler autour de soi c’est ce qui fait qu’on va pouvoir vite trouver ses clients.
Alors bien sûr les premières missions ne seront pas forcément des plus captivantes, mais c’est pas grave, on y va et c’est comme ça qu’on commence à se faire un réseau et à développer son activité. Et je pense d’ailleurs que ce conseil vaut pour tous les entrepreneurs, au-delà de l’expertise-comptable.”
L’entrepreneuriat en deux mots ?
“Je dirais que la bienveillance et le travail sont les piliers essentiels de l’entrepreneuriat. La bienveillance joue un rôle crucial lorsqu’on entreprend, tant envers soi-même qu’envers toute son équipe. Adopter une approche managériale fondée sur la confiance permet de faire croître son entreprise de manière efficace. C’est du moins ma vision et celle qui guide mon cabinet. Quand on évolue dans un environnement bienveillant, cette attitude se répercute à l’extérieur auprès de nos prospects, nos clients et nos partenaires, ce qui crée une véritable communauté autour de nous.
L’autre aspect que j’évoquais concerne le travail. Il est évident que semer des petites graines demande de l’effort : savoir se présenter, développer son réseau, participer à des événements… C’est un engagement constant. Donc pour moi, quand on choisit de devenir entrepreneur, il ne faut pas compter ses heures et il faut dépenser son temps de manière intelligente pour en récolter les fruits plus tard.”
Comment fais-tu pour garder tes talents dans ton cabinet ?
– Mike “J’ai beaucoup de confrères qui voient leurs salariés démissionner. Même avec de bons salaires et avec des avantages complémentaires. Ma question c’est quels leviers tu as développé pour garder tes meilleurs talents dans ton cabinet ?“
“Pour moi, il faut se demander de quoi un collaborateur a besoin pour se sentir bien au sein de son cabinet et qu’est ce qui l’inciterait à y rester. Donc oui, il y a le levier de la rémunération, il faut qu’elle soit à la juste valeur du talent. Ce que je vois aussi, c’est que les jeunes recrues cherchent à trouver du sens dans ce qu’ils font. Les impliquer dans les projets internes, c’est une manière de les fidéliser.
C’est pour ça que j’ai mis en place ce qu’on appelle l’intrapreneuriat. Concrètement, mes salariés vont proposer des projets et on va les lancer ensemble. Grâce à ça, on a développé des services de coaching du dirigeant, d’accompagnement full service, de data visualisation… L’idée d’être considéré, pris en compte de manière individuel dans une équipe, c’est très engageant.”
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Tu animes des conférences en parallèle c’est ça ?
“Effectivement, c’est d’ailleurs comme ça qu’on s’est connus. J’anime notamment à l’ENOES à Paris où j’ai enseigné en DSCG pour des étudiants. Ce qui m’anime dans cette activité, c’est ce sentiment de partage avec les jeunes. Quand on enseigne, on donne beaucoup, on partage ses connaissances mais ce qu’on reçoit comme reconnaissance, ça n’a pas de prix !”
Qu’est-ce que l’enseignement t’apporte dans ton activité d’expert-comptable ?
“La formation m’apporte de la pédagogie. Elle m’enseigne comment expliquer des concepts à des personnes qui ne connaissent pas grand-chose à ma matière. L’avantage de travailler avec des étudiants, c’est qu’ils sont francs : s’ils ont compris ou non, ils vous le diront directement. Cela me pousse à développer un esprit critique et à me remettre en question en permanence.
Le lendemain, quand je suis avec un client et que je dois lui expliquer la fiscalité du e-commerce, on est sur le même schéma. Cette personne ne connaît pas ce domaine et à la fin de notre échange, il faut qu’elle en ressorte enrichie. La formation aide à être pédagogue. C’est une énorme soft skills quand on est entrepreneur.”
Comment tu choisis tes missions entre tes deux activités ?
– Mike “Tu peux nous expliquer comment tu choisis de faire de la formation plutôt que des missions d’expertise-comptable, sachant qu’il y a une de tes activités qui est beaucoup mieux rémunérée que l’autre ?”
“Quand je dois faire un choix, la rémunération passe au second plan pour moi. L’important, c’est la mission en elle-même. Je choisis celle qui me fait le plus vibrer, les personnes que je vais rencontrer et avec qui je vais travailler. Et puis aussi ce que je vais pouvoir apprendre grâce à cette mission. C’est ça mon but n°1 !”
Les soft skills c’est quelque chose d’important pour toi ?
– Mike « En tant qu’expert-comptable, nous sommes dotés d’une vision très technique de notre profession. J’ai remarqué que tu cherchais à enrichir cette vision en y ajoutant tout un éventail de soft skills. Tu peux nous en parler ?”
“Je suis content qu’on en parle parce que c’est quelque chose qui me tient vraiment à coeur. Comme tu l’expliques, les compétences techniques pour un expert-comptable, c’est notre socle commun. Dans mon cabinet, c’est le e-commerce, les associations et les filiales françaises de sociétés européennes.
À côté, on a aussi développé nos soft skills. Donc par exemple, la pédagogie dont je te parlais tout à l’heure, c’est l’une de nos soft skills. Je pense aussi à l’esprit d’équipe, à la communication, au savoir-être, à la gestion de crise… C’est l’alliance des hard skills et des soft skills qui fait la force de mon cabinet comptable.”
Merci infiniment, Cyril, pour cette entrevue enrichissante. C’est toujours un véritable plaisir d’échanger avec toi. Grâce à toi, nous avons pu découvrir les coulisses de l’entrepreneuriat, et nous espérons que cela aura inspiré d’autres experts-comptables à franchir le pas de l’entrepreneuriat. Merci à tous d’avoir suivi cet article témoignage, on se retrouve très bientôt pour un nouveau portrait d’expert-comptable inspirant !